Nouvelle ère pour l’immobilier et le développement des territoires : Enjeux, Défis et Solutions

Le secteur de l’immobilier, tout comme les besoins en infrastructure à travers le continent, est un pilier de la croissance économique. La Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin, pour ne citer que quelques exemples, sont des cas intéressants en pleine mutation. Ces pays essaient tant bien que mal de repenser leur planification urbaine et montrent une volonté politique beaucoup plus forte de renforcer les infrastructures en conséquence. En outre, l’ensemble de la région se réorganise dans le sens d’une intégration économique plus forte, avec la reconstruction ou la libéralisation des voies commerciales et la structuration des centres logistiques. Ainsi, le travail de planification et de programmation du développement en zone urbaine et rurale devient une priorité pour les gouvernements de la région, afin de garantir une croissance économique durable et une amélioration de la qualité de vie des populations.

La restructuration des services administratifs, l’amélioration de la sécurisation des titres fonciers et la réorganisation et le renforcement des capacités des législateurs ont considérablement amélioré la possibilité de structurer des projets immobiliers de manière professionnelle. Le législateur tente de reprendre le contrôle du développement, notamment en zone urbaine ou plusieurs pays de la région subissent depuis des dizaines d’années une pression démographique quasiment incontrôlable. Le développement immobilier anarchique résultant de cette pression, est encore un véritable enjeu de planification urbaine et environnementale.

Du côté du secteur privé, au cours des dernières années, on a assisté à une amélioration significative des capacités techniques des acteurs de l’immobilier en Afrique de l’Ouest. Cette amélioration est due en grande partie au renforcement des capacités industrielles et techniques de la région. Les grands travaux d’infrastructures amorcés ont permis l’implantation durable de nouveaux acteurs tels que des usines, des cimenteries, des bureaux d’études, des constructeurs et des asset managers. Ces nouveaux venus sur les marchés contraignent les acteurs locaux à se réinventer et à repenser leur organisation et leur professionnalisme. Les acteurs locaux sont ainsi en mesure de maîtriser leur environnement et de profiter d’une expertise plus pointue venant des multinationales. Les acteurs historiques du secteur sont contraints de s’adapter à un environnement en pleine mutation.

Les modèles d’affaires deviennent de plus en plus ingénieux et complexes, et des acteurs mieux structurés et de plus grande envergure entrent sur les marchés de la région. Des projets de catégorie A se développent (centre commerciaux, hôtel, bureau, résidentiel) et les entreprises locales s’adaptent à ces nouveaux segments de marché et tirent parti des transformations structurelles du secteur. Nous sommes ainsi à l’une des frontières du développement : l’immobilier entre véritablement dans une ère nouvelle en Afrique de l’Ouest, et la Côte d’Ivoire joue encore le rôle de locomotive.

Cette nouvelle ère pour l’immobilier de la région implique la naissance de nouveaux acteurs sur le secteur. Ils participent à sa réorganisation, sa professionnalisation et réinventent les métiers. Les implications sur la capacité du marché financier en sont nombreuses :

• La financiarisation de l’immobilier : Plusieurs acteurs trouvent des réponses de plus en plus ingénieuses aux contraintes historiques du financement de l’immobilier sur les marchés locaux. En effet, le métier du développement immobilier fait de plus en plus appel à des compétences d’ingénierie financière poussées, avec des solutions innovantes pour mobiliser des financements de long terme et réduire les risques liés aux projets immobiliers. Ainsi, les développeurs immobiliers ont de plus en plus recours aux banques d’affaires pour trouver des solutions de financement, réduisant ainsi la distance entre les deux secteurs et encourageant une collaboration plus étroite entre les acteurs de l’immobilier et les institutions financières.
• L’enjeu de la dématérialisation : Il existe déjà dans le monde de nombreuses plateformes permettant de transformer les opportunités immobilières en solutions de placement financier. Que ce soit à travers des plateformes technologiques innovantes comme la tokenisation de l’immobilier via une blockchain, ou simplement en listant un trust immobilier sur les marchés de capitaux, l’avenir du financement de l’immobilier réside dans son intégration complète sur les marchés des capitaux.

L’immobilier dans la région est en pleine évolution, mais il reste encore d’importants défis à relever. Parmi ceux-ci, on peut citer la pression urbaine qui demeure très forte, les capacités limitées des autorités publiques, les ressources humaines et la nécessité de réformer les systèmes éducatifs. La protection de la propriété privée ainsi que la réactivité des services administratifs, tant dans l’émission des actes que dans le contrôle des règles d’urbanisme et de la planification urbaine sur le terrain, restent des défis à relever. La capacité de relever ces défis sera décisive pour l’avenir du secteur immobilier dans la région et pour l’issue de cette nouvelle ère.

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